Les troubles de l'érection sont également appelés dysfonctionnement érectile.
Pour rappel, voir le fonctionnement physiologique de l'érection
Une érection dépend :
- Des perceptions sensorielles en phase d'excitation (visuelles, tactiles,...)
- De l'afflux de sang dans la verge permettant qu'elle augmente de volume et soit rigide
- Du blocage du sang dans la verge qui permet de maintenir la rigidité pendant le rapport.
- Des connexions nerveuses qui transmettent l'ordre d'érection du cerveau et de la moelle épinière aux nerfs érectiles.
- De la disposition psychologique de l'homme
Définition
Le trouble de l'érection est une difficulté ou une incapacité à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour aboutir à une relation sexuelle satisfaisante.
Cela ne remet en cause ni le désir, ni le plaisir, ni l'orgasme, ni l'éjaculation qui reste possible.
On parle de trouble lorsque la problématique est supérieure à trois mois et lorsqu'il y a répétition lors des relations sexuelles.
La panne d'érection temporaire et transitoire n'entre pas dans la catégorie des troubles et peut survenir de manière occasionnelle et c'est totalement banal.
Les troubles de l'érection peuvent survenir à tout âge mais avec une prévalence après 50 ans. Ils touchent environ 10% des hommes au cours de leur vie sexuelle.
Les causes
- Vasculaires
Les artères caverneuses peuvent se boucher progressivement et entraîner une diminution de flux sanguin vers la verge. Parmi les facteurs de risque, on retrouve l'hypertension artérielle, le diabète, l'hypercholestérolémie (taux de cholestérol sanguin trop élevé), le tabac et le surpoids.
- Médicamenteuses, chirurgicales ou toxiques
On retrouve les traitements anti-hypertenseurs (bêta-bloquants, diurétiques), les antidépresseurs, les anxiolytiques, les antipsychotiques, les traitements hormonaux, certaines drogues comme la cocaïne ou le cannabis, l'alcool.
- Neurologiques
Parmi les causes les plus fréquentes on retrouve certaines maladies neuro-dégénératives comme la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, l'éthylisme chronique, les lésions nerveuses traumatiques.
- Causes secondaires
On peut retrouver des troubles de l'érection après une chirurgie de la prostate ou de la vessie, de la radiothérapie au niveau du petit bassin ou de l'hormonothérapie.
- Hormonales
Un déficit en testostérone ou l'hypothyroïdie peuvent entraîner des dysfonctionnements érectiles.
- Maladies chroniques
Principalement les maladies cardiaques ou l'insuffisance rénale.
L'âge est le facteur de risque majeur car de manière physiologique la production de testostérone diminue dans le temps.
- Chez l'homme de moins de 40 ans
Les facteurs psychologiques sont le plus souvent à l'origine des troubles, hors lésions neurologiques (traumatisme crânien ou lésion de la moelle épinière). Parmi les causes les plus importantes :
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- Le stress, l'anxiété, surtout liés à l'angoisse de performance (peur de ne pas avoir une érection satisfaisante, peur après une panne d'en connaître une nouvelle...)
- La dépression
- Les problèmes relationnels actuels ou antérieurs
- L'insécurité psychologique
Origine mécanique ou psychologique ?
- Lorsqu'aucune érection n'est possible, la probabilité d'une cause physique est plus importante.
- Lorsque des érections surviennent le matin, la nuit ou lors de la masturbation, de manière correcte et spontanée, alors la plupart du temps le trouble est d'ordre psychologique.
Examens
Lorsque les pannes deviennent fréquentes et perdurent, un examen médical et des investigations vont permettre la recherche d'une éventuelle cause organique au dysfonctionnement érectile.
- Bilan sanguin
Il permet le dépistage des maladies cardio-vasculaires (diabète, cholestérol, triglycérides, ...), le dépistage d'un déficit en testostérone.
- Doppler de la verge
Avec injection intra-caverneuse pour voir l'état du flux sanguin dans la verge lors de l'érection.
- Autres examens
Examen de la prostate, tout autre examen associé à une pathologie déjà connue.
Traitement médical
- Les inhibiteurs de la phosphodiétérase de type 5
Plus connus sous le nom de VIAGRA et autres formes commerciales. Ils permettent un meilleur afflux de sang au niveau de la verge pour une meilleure érection en terme de durée et de rigidité. Ils peuvent être pris de manière ponctuelle, occasionnellement ou en traitement régulier, sur prescription médicale uniquement.
- Gel vasodilatateur
Il s'applique sur le gland au niveau du méat urinaire. Il a un effet vaso-dilatateur et permet l'érection.
- Injections intra-caverneuses
Ce sont des injections indolores au niveau de la verge. La prostaglandine ou la papavérine permettent la dilatation des vaisseaux sanguins. Elles sont à réaliser 5 à 10 minutes avant l'acte sexuel.
- Le vacuum
C'est une pompe manuelle ou automatique permettant d'amener le sang dans la verge.
Traitement chirurgical
- La prothèse pénienne
Deux ballons remplacent les corps caverneux de chaque côté de la verge, un réservoir hydraulique dans la zone abdominale permet de remplir ou vider les deux ballons et une pompe de mise en route est placée dans les bourses.
Dans ces traitements il y a toujours un risque de priapisme (érection qui ne cède pas, douloureuse et dangereuse). C'est une urgence médicale, il faut consulter immédiatement si l'érection ne cède pas et devient douloureuse.
Les compléments alimentaires
Lorsqu'il n'y a pas de cause physique identifiée, certaines compléments alimentaires permettent de pallier à la fatigue, au stress, de booster le tonus sexuel. Ce sont des solutions alternatives qui ne remplacent pas un avis médical ou un traitement. Avant toute prise, vérifier avec le médecin ou le pharmacien d'éventuelles interactions avec des traitements médicaux en cours ou des pathologies chroniques.
- Vitamines
Les vitamines B5, B6, B12, E, le magnésium, le zinc permettent de lutter contre la fatigue et de booster le tonus sexuel.
- Phytothérapie
Parmi les produits naturels recommandés il y a le ginseng, le gingko biloba, le tribulus, le maca et le gingembre, sous forme naturelle ou de gélules.
Traitement psychothérapeutique
En sexothérapie la prise en charge des troubles érectiles se fait après un diagnostic médical ne mettant pas en évidence de pathologies cliniques.
C'est un accompagnement pour aider le patient tout d'abord à comprendre les mécanismes psychiques qu'il met en oeuvre, la pression et "l'angoisse de réussite".
Le travail consiste à lever cette pression psychique, à analyser les situations et trouver des solutions.
C'est également une prise en charge des facteurs psychologiques, qui entraînent ces troubles érectiles (stress, manque de confiance en soi, perte de l'estime de soi, angoisse, déprime,...).
L'hypnose est un outil intéressant et performant pour avancer plus rapidement.
Comprendre les mécanismes physiologique de l'érection est important aussi dans le traitement et l'accompagnement.
Verbaliser ses ressentis, consulter avec son conjoint, ne pas avoir honte d'aborder le sujet avec son médecin, sont des pas à franchir vers le mieux être.
L'accompagnement en sexologie amène aussi à réfléchir et repenser sa sexualité. Lors des dysfonctionnements, la tendance à axer la sexualité sur la pénétration ne fait souvent qu'accentuer le processus. Au lieu de se centrer sur les sensations et le partage, l'acte devient mécanique sur les moments où "ça marche", mais ne rompt pas le schéma de pensée intrusive (oui mais combien de temps ? et si l'érection s'arrête ?) qui entraîne l'effet inverse et concourt à la perte de cette érection tant attendue et entretient le dysfonctionnement à cause de la pression et du modèle d'échec qui vient s'ancrer.
Les progrès sont beaucoup plus rapides et importants dès qu'on lève cette obligation de sexualité pénétrative et que l'on s'accorde du temps dans les caresses, la redécouverte et l'exploration des ressentis et sensations physiques et émotionnels. Cela passe par les caresses, le dialogue, l'analyse des situations et l'acceptation sur un temps donné de partager des temps sexuels différents de son schéma habituel.
Les troubles érectiles ne sont pas une fatalité, d'autant plus lorsqu'ils sont d'ordre psychologiques et il ne faut surtout pas hésiter à en parler à son médecin traitant ou un professionnel de la sexualité. De nombreuses solutions existent, des modifications de traitement peuvent être possibles et un accompagnement personnel ou en couple est un facteur de retour à une sexualité satisfaisante et épanouissante.